TÉNÈBRES

DE HENNING MANKELL

2018

RESUMÉ

Sols arables revêtus de sel, rives dévorées par la mer… Cette mer porteuse d’espoir durant la traversée entreprise par ceux qui tentent d’échapper au déclin de leur terre natale. Un naufrage. Et la vie d’après, cachés dans un appartement d’une ville suédoise. Les mots d’Henning Mankell, romancier bien connu pour ses polars, nous plongent dans le quotidien d’un père et sa fille rescapés. Les deux comédiens d’origine sénégalaise nous le feront toucher du doigt avec pudeur et humilité. Sans démonstration, sans « message », ils tenteront d’évoquer une autre facette de l’exode, du déplacement, de l’exil.

DATES

Du 15-29.08.18

GENEVE – Théâtre Orangerie

GÉNÉRIQUE

Mise en scène :
Andréa Novicov

Sur scène:
Boubacar Samb
Cathy Sarr

Hors scène:

Traduit du suédois : Terje Sinding – L’ Arche éditeur, 2005
Scénographie : les ateliers du Colonel
Construction : L’illustre atelier
Création lumière : Laurent Junod
Création son : Jean-Baptiste Bosshard
Costumes : Trina Lobo
Administration : France Jaton

Coproduction:
Théâtre de l’Orangerie
Cie Angledange

Soutien:
Département de la Culture et du Sport de la Ville de Genève
Fondation Leenaards
Fondation Ernst Göhner

MÉDIAS

Le père de l’inspecteur Kurt Wallander était aussi un auteur de théâtre puissant. Andrea Novicov le rappelle en empoignant avec brio «Ténèbres» – Ils ont tous les âges de l’exil et on est bouleversé. Les acteurs Boubacar Samb et Cathy Sarr (…) Ils irradient, magnétiques dans la panique, superbement énigmatiques dans un spectacle qui est à leur image, honnête et intense jusqu’à ce que viennent les cendres. Pour s’attaquer à Ténèbres, il fallait éviter le misérabilisme. Les larmes de petit crocodile occidental. Le texte de Mankell, qui date du début des années 2000, est sec et coupant. Son humanité est de nous échapper. De ne pas se gargariser de formules. De ne pas gloser sur une Méditerranée devenue cimetière marin. (…) Si on est captif de leur face-à-face, c’est que ces acteurs vivent toutes les dimensions de la partition, qu’ils décantent ses ombres. Ils sont tendres, mais à couteaux tirés, déchirés, mais toujours à deux doigts de se raccommoder. Le sentimentalisme ici n’a pas cours. 

Parlons plutôt de rixe d’amour, de rituel pour exorciser les démons, pour éprouver ce qui reste d’élans en soi. Ce combat est porté par ce qu’on appellera l’économie de la tragédie: la beauté d’un geste brut où se loge tout l’être de l’interprète. (…) Henning Mankell ne se paie pas de mots. Il en a trop vu pour croire au happy end. Mais ses héros ne coulent pas. Ils babillent encore, ils font des listes de course, ils font comme si l’aube des promesses ne leur était pas interdite. A la lueur d’un feu où brûlent des papiers d’identité, Boubacar Samb et Cathy Sarr jouent les endurants. Sur leur radeau, ils sont juste beaux et c’est comme une dignité qui rejaillit sur tous les enfants trahis de la Méditerranée.

Le Temps – Alexandre Demidoff

Aurore polaire aux frontières de l’abîme – Ce père et cette fille sont accablés par les épreuves, mais ne sont pas encore à genoux. Ils gagnent en beauté à se battre ainsi. Boubacar Samb et Cathy Sarr les accompagnent de leurs voix, et leurs présences scéniques toutes en nuances, dans leur lutte titanesque pour écrire une nouvelle page de leur histoire. (…) Dans sa lecture de Ténèbres et sa direction d’acteurs, Andrea Novicov s’est concentré autant que possible à maintenir la tension dans les dialogues, à mettre à nu les fragilités de chacun, à chercher les gestes trahissant les démons qui les tirent vers l’abîme. (…) C’est là que réside le mérite d’auteurs comme Mankell, et de metteurs en scène sensibles à la complexité humaine. Ils en savent davantage que les images d’actualité, plongent profondément dans les tourments intérieurs de ces hommes et femmes qui se battent y compris contre eux-mêmes, pour sortir la tête de l’eau. Le dispositif de scène, un grand cadre blanc qui se resserre vertigineusement en étau au fond du plateau, est pratiquement tout à lui. C’est un grand vide qui se remplit d’images liquides et organiques, les ombres de ceux qui l’habitent s’incrustant durablement dans l’œil, jusqu’à l’étouffement. Des teintes d’aurore polaire s’insinuent pourtant de l’extérieur, des signes qui disent au père de vaincre sa peur de l’inconnu, et font écho aux injonctions de la fille à respirer l’air de dehors. Un dehors appelé à devenir peut-être leur nouveau foyer.

Le Courrier – Jorge Gajardo

Le Courrier
Aurore polaire aux frontières de l’abîme
Le Temps
L’humanité déchirée d’Henning Mankell à Genève
LeProgramme.ch
Deux migrants éclairent Ténèbres

PHOTOS

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