Dans un espace vide structuré par des tentures noires, cinq comédiens disent les extraits du procès-verbal du tribunal de Francfort devant lequel comparurent, vingt ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale, plusieurs responsables d’Auschwitz. D’autres textes s’y mêlent, tirés des témoignages laissés par des victimes et des bourreaux.

Assouvir un besoin de parler, invoquer une mémoire sans reproduire le réel, dire l’horreur des camps de concentration sans rajouter à la violence, se pencher enfin sur la responsabilité des bourreaux et sur la structure d’une société civilisée qui a glissé vers la catastrophe: telles sont les intentions qui ont présidé à ce spectacle. À l’aide de diapositives, des rétroprojections et de films vidéo dont les corps des acteurs sont parfois les supports, la mise en scène obéit à une dramaturgie aussi peu réaliste que possible. Dans leur jeu, les comédiens n’incarnent pas de personnages ; ils ne sont que passeurs de paroles. Ils suivent la forme de l’oratorio, afin de donner à la représentation un statut de rite, forme originelle du théâtre.